Sujet de Français Gratuit (Correction à retrouver dans la préparation)
Sujet Gratuit de Français
Concours Adjoint Administratif Territorial
Après avoir construit leur maison ou rénové une ruine, les Français retournent au jardin : manuels pratiques, guides, revues spécialisées, journées d’échanges de plantes, de visites, création de festivals, ouverture au public de jardins privés, associations de sauvegarde d’espèces végétales sont les symptômes de la renaissance de l’art des jardins. Le début des années 1980 marque ce tournant : le Château de Courson réunit des passionnés, qui aujourd’hui se comptent par milliers, à cette période on crée la notion de jardin historique (monument vivant), enfin, un concours international est lancé pour créer un vaste parc public à Paris (La Villette) redonnant à cette discipline la place qu’elle avait eu au temps des Lumières.
Jardins privés comme jardins publics rivalisent en recherche de plantes rares ou exotiques, d’esthétique et de mise en perspective ; c’en est fini des sempiternelles plates-bandes plantées de cannas au sommet, de bégonias rouges au milieu d’œillets d’Inde jaunes à la base, qu’arboraient toutes les sous-préfectures de France.
Pour tout jardinier, en herbe ou averti, jardiner est bien plus qu’un loisir. Tondre son gazon, toucher la terre, tailler, goûter ses fruits relèvent d’un besoin de nature plus aigu que jamais. Dans le mode de vie contemporain, urbain, motorisé, bousculé par les progrès des biotechnologies, du virtuel à l’échelle planétaire, le jardin (à l’origine associé au paradis) est l’expression privilégiée du sens du lieu, de la durée ; gardien de la mémoire, il permet de chercher ses racines, de s’évader du réel, de montrer sa puissance ou bien sa différence, enfin il répond au besoin d’intimité et de liberté.
Le jardin de plaisir ou jardin d’agrément est le plus répandu aujourd’hui chez les particuliers. Il a pris ses distances vis-à-vis du verger et du potager, même dans les milieux populaires où l’on distingue le « jardin de devant » (vitrine du pavillon, ouvert, cultivé selon les normes, il en va de sa réputation) et le « jardin de derrière » (souvent clos, soit alimentaire, soit lieu intime de vie où les extravagances sont permises, jardin sentimental).
Depuis peu, on voit fleurir des potagers qui deviennent eux-mêmes des jardins de plaisir. Les jardins ouvriers, petits lopins, alignés en bordure des cités, et les jardins des ruraux âgés, tous deux en voie de disparition, mêlent toujours poireaux et dahlias. « Le jardinage relève encore d’un acte de gratification personnelle dans lequel, comme pour les autres formes d’art, l’artiste extériorise son imagination par des moyens qui lui sont propres et met de lui-même dans son œuvre. Il pourrait bien être une forme d’artisanat d’art, au moment où disparaissent les petits métiers manuels. »
Visiter le jardin des autres devient un but fréquent de promenade dominicale ou de voyage touristique, en Angleterre notamment. Les « rats des villes » viennent y chercher un lieu de convivialité ou un début d’apprentissage en apprenant le nom des plantes ; les autres viennent y glaner des idées ou élargir leur réseau d’amateurs de jardins.
Une nouvelle génération de propriétaires-jardiniers et de créateurs est née, certains y investissent toute leur vie. Les initiatives sont très diverses, on restaure une période historique, on crée dans l’esprit médiéval ou Renaissance, on imagine des espaces thématiques, des friches jardinées, des architectures contemporaines, des jardins minéraux, botaniques, de senteurs, de couleurs, des jardins consacrés à l’eau, au feu …
Cultiver son jardin est un geste à la fois social et personnel où s’exercent passion, plaisir, fierté, émotion esthétique et où s’opposent à chaque saison le sauvage et le domestique, l’utile et l’agréable, le propre et le sale. Au jardinier de montrer qui des deux est le maître : lui ou la nature, qui tente sans relâche de reprendre ses droits.
(Extrait de « l’Atlas des Français » éditions Autrement)
I – Compréhension de texte (16 points)
- Donner la définition des mots suivants (en italique dans le texte) (4 points)
- au sens général
- dans le texte
- Symptôme
- Sempiternelles
- Expliquer les expressions (4 points)
- « qu’arboraient toutes les sous-préfectures »
- « on voit fleurir des potagers »
- Exposer les idées développées dans ce texte. (6 points)
(La réponse devra être rédigée en une dizaine de lignes sans recopier le texte)
- Donner un titre à ce texte (2 points)
II – Grammaire (10 points)
- Donner la fonction des mots soulignés dans le texte (5 points) :
- Intimité
- Où
- Jardin
- Personnel
- Emotion
- Donner la nature et la fonction des propositions contenues dans la phrase (5 points) :
« Le jardinage relève encore d’un acte de gratification personnelle dans lequel, comme pour les autres formes d’art, l’artiste extériorise son imagination par des moyens qui lui sont propres. »[…]
III – Conjugaison (7 points)
- Mettre à la forme (voix) active la phrase suivante (2 points) :
« Un concours international fut lancé pour créer un vaste parc public à Paris »
- Mettre les verbes suivants aux mode, temps, personne indiqués (5 points) :
- Fuir : subjonctif présent – 3ème personne du singulier
- Se succéder : indicatif – passé composé – 3ème personne du pluriel
- Appuyer : conditionnel – présent – 3ème personne du pluriel
- Jeter : indicatif – futur – 3ème personne du pluriel
- Résoudre : Indicatif – présent – 3ème personne du singulier
IV – Vocabulaire (7 points)
- Trouver un paronyme du mot « arborer » et employer ce paronyme dans une phrase courte (2 points).
- Comment se nomme la figure de style utilisée dans l’expression « glaner des idées » (2 points)
- Trouver deux mots de la même famille que « dominical » (2 points)
- Donner un synonyme de « averti » dans la phrase : « Pour tout jardinier en herbe ou averti, jardiner est bien plus qu’un loisir » (1 point)
V – Orthographe (10 points)
Le texte suivant comporte 10 mots mal orthographiés. Réécrire correctement sur votre copie les 10 mots erronés de ce texte.
Attention : tout mot écrit correctement dans le texte, réécrit de manière incorrecte sera pénalisé.
Les cheveux longs
J’avais douze ans, le langage et les manières d’un garçon intelligent, un peu bouru, mais la dégaine n’était point garçonnière, à cause d’un corps déjà façonné fémininement, et surtout de deux longues tresses, sifflantes comme des fouets autour de moi. Elles me servaient de cordes à passer dans l’anse du panier à goûter, de pinceaux à tremper dans l’encre ou la couleur, de lanières à corriger le chien, de rubans à faire jouer le chat. Ma mère gémissait de me voir massacrer mes étrivières d’or châtain, qui me valaient chaque matin, de me lever une demie-heure plutôt que mes camarades d’école. Les noirs matins d’hiver, à sept heures, je me rendormai assise, devant le feu de bois, sous la lumière de la lampe, pendant que ma mère brossait et peignait ma tête ballante. C’est par ces matins-là que m’ai venu, tenace, l’aversion des longs cheveux … On trouvait de longs cheveux accrochés au portique ou pendait le trapèze et la balançoire. Un poussin de la basse-cour passa pour estropier de naissance jusqu’à ce que nous eûssions découvert qu’un long cheveu, recouvert de chair bourgeonnante ligotait étroitement l’une de ses pattes et l’atrophiait …
COLETTE.